GT du 10 avril 2025 : Informatique - Déclaration liminaire
Nous nous plaignons du manque de dialogue social.
Nous nous plaignons de la piètre qualité de celui-ci.
Le dialogue en matière informatique s’est réduit à tel point à peau de chagrin qu’il était devenu parfaitement inexistant. Celui pour lequel nous sommes présents aujourd’hui été demandé par les OS !
Les agents et collègues doivent s’en rendre compte : la Direction Générale agit en toute liberté et toute impunité en ne rendant aucun compte. L’occasion de ce GT constitue néanmoins la possibilité d’exhiber fièrement le Schéma Directeur du Numérique (SDNum). Il est présenté comme œuvre de « conception collective », « transparente et itérative » !
Les premières questions qui viennent à l’esprit sont :
- Où se situe la part collective dans sa conception ?
- Qui a été consulté ?
- Quels services en ont été partie prenante ?
- D’ailleurs, à quel cabinet de conseil a-t-on fait appel pour écrire cette montagne de langue de bois, d’auto-félicitation et de propos à l’opposé de toute réalité vécues dans les services ?
- Combien cela a-t-il coûté ?
Comment dans un document de 111 pages issue d’une « conception collective » peut-on autant oublier la donnée la plus importante de la DGFiP : les agents qui font fonctionner l’informatique de la DGFiP ?
Ce SDNum est très généraliste et donne des orientations globales pour l’informatique de la DGFiP… mais n’est pas du tout structurant pour les établissements. Un de ces défauts est qu’il ne définit pas « qui fait quoi » et les agents travaillant dans le SSI n’ont pas plus de visibilité ni sur leur avenir, ni sur les missions qu’ils devront exercer à moyen ou long terme ! La question est pour nous centrale.
De nouveaux chefs de DiSI, lors de leur tour des ESI, répètent à l’envie qu’il faut une gestion des services basée sur « l’efficience », que les agents ont bien travaillé, mais qu’en 2025, il faudra faire mieux et que si de nouvelle missions ne sont pas attribuées à certains établissements, c’est que les agents ne savent pas vendre leurs compétences. Pas de nouvelles missions, pas d’attractivités, des postes non pourvus, ces postes seront déplacés sur d’autres sites. Les DiSI seraient-elles devenues des « startups » ?
Certes, le recrutement au choix est passé par là : la Direction Générale nous a déjà gratifié de cette parole darwinienne que le recrutement au choix « participe à un mode de sélection naturel », lors d’un GT le 4 décembre 2024. La concurrence et la survie sont donc devenus la règle, le travail collaboratif plus du tout. Nous suggérons d’enlever tout aspect de « collaboration » dans le document (14 occurrences), car cela ne reflète en rien la réalité du terrain.
Par ailleurs, « l’efficience » étant un terme économique désignant la volonté de faire plus sans augmenter les moyens, avec les agents devant faire mieux, implique que selon vous, les collègues ne travaillent pas assez à la DGFiP, et qu’ils ne doivent attendre aucune revalorisation !
Nous suggérons d’enlever toute notion d’« attractivité » de la DGFiP qui apparaît plusieurs fois dans le document mais qui constitue une réalité pas du tout partagée.
Prenez en compte cette réalité simple : les agents de la DGFiP travaillant dans l’informatique souffrent !
Tant de choses nous le rappellent :
– Le déménagement sans concertation de centaines d’agents dans le bâtiment du « XYLO », qui pose des problèmes de transport, de bureaux, de crèche, de trajets, de stationnement et même de restauration. L’administration semble incapable de nous donner des informations fiables sur ce déménagement.
Qu’en est-il de la restauration qui semble s’être réduite à de simples « frigos connectés » ?
Dans le contexte budgétaire qui nous touche, nous ne savons même pas si un minimum d’investissements pourront être effectués pour les agents.
Il nous faut des réponses claires sur toutes ces questions.
– Le nouveau mode d’organisation en mode projet alors qu’il était auparavant en mode mission, attache les agents à des projets qui par définition ont des durées de vie limitée. Belle attractivité !
– La place de la DTNum, dont le management toxique a fait l’objet de fiches de signalement, et qui continue d’évoluer, en dehors du SSI, mais en ayant un impact sur le SSI, ce que la CGT Finances Publiques a dénoncé depuis le début. Nous avons d’ailleurs comparé la DTNum à un « trou noir » dont l’opacité patente continue d’attirer les crédits, mais dont on a toujours du mal à cerner l’activité, cela jusqu’au nombre même d’agents qui la compose (moins de 100 sur l’organigramme) et une gestion des RH confiée à un organisme extérieur
– La résorption de la dette technique, comme le passage d’autorité du système GCOS vers IBM qui ne s’effectue pas de manière sereine, mais oblige tant d’agents à tenir leur mission, sans moyens, avec des bouts de ficelle, parfois en double commande pour assurer une continuité de service public. Nous y reviendrons, car la contradiction est flagrante entre « ce qui est dit et ce qui est fait » dans plusieurs chapitres du SDNum.
– Les projets informatiques comme GMBI ou le Foncier Innovant, qui font tant de mal à l’image de la DGFiP, qui ont été des fiascos médiatisés illustrant des projets non aboutis.
– La disparition de nombreuses missions, souvent exercées par des agents de catégorie C et impliquant des reconversions forcées en fin de carrière, qui ont provoqué beaucoup de colère.
– Le recours massif aux contractuels qui souvent n’ont pas d’avenir à la DGFiP, mais à qui on doit venter la sempiternelle « attractivité », tout en leur appliquant la circulaire Borne de janvier 2024 sur le référentiel de rémunération des métiers de la filière numérique, qui provoque le plus souvent des écarts de rémunération incompréhensibles pour les titulaires qui les côtoient au quotidien !
– La place des prestataires qui est totalement opaque, puisqu’ils n’apparaissent toujours pas dans les effectifs.
Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive. On le voit, le SDNum laisse dans l’ombre les sujets qui fâchent. Et lorsqu’il les aborde, sous l’angle technique, c’est pour leur donner des atours attrayants, mais parfaitement mensongers.