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FS de réseau du 1 juillet 2025 - Déclaration liminaire

Publié le 1er juillet 2025 - Lecture 8 mn

Il y a bientôt 10 ans, Gérald Darmanin, jeune ministre du budget, nous jetait à la tête « les agents de la DGFIP ne sont pas propriétaires de leur travail ». En effet la DGFiP a su ringardiser le « sens du service public », du devoir supérieur d’accomplissement de nos missions indispensables au service public. Bref vous avez su faire d’un engagement sans faille un élément discriminant face à la nécessité d’adhésion à la « transformation de l’État » ou de la « start’up nation ».
Au-delà de notre travail, vous nous avez aussi confisqué toute autonomie et possibilité d’intervention par rapport à nos outils et à l’organisation du travail qui en découle au travers de progiciels structurants que vous avez payés un « pognon de dingue » à des sociétés de services en ingénierie informatique . « Ces experts invisibles » de la DGFiP interviennent sur la construction de ces progiciels à hauteur de 50 % à 80 %.
Le tout se soldant par des incidents industriels à répétition, tel celui de GMBI (Gérer Mes Biens Immobiliers), qui ont discrédité l’action publique et le travail des personnels. Les mêmes qui ont dû s’échiner une fois de plus à maintenir le navire à flot mais en doublant leur tâches. Ces progiciels structurants dont l’objectif essentiel est la suppression d’emplois et la mise en place d’organisations du travail industrialisées inhumaines et pathogènes au préjudice des missions.

Mais ce n’était que le début.
Dernièrement, avec la « densification des surfaces » jusqu’à 6 m² par agents sur 50 % des surfaces de travail, le sans-bureau (« flex-office ») ou les espaces partagés (co-working), vous nous avez privés de locaux pérennes avec des conditions de travail décentes sous prétexte de télétravail. Télétravail sur lequel vous revenez d’ailleurs en le limitant à une journée par semaine voire par mois, mais que vous imposez en cas de déménagement, travaux, canicule, catastrophe etc.

Et maintenant le ministère, pour des raisons dogmatiques de « libéralisme autoritaire », refuse de nous communiquer les éléments nous permettant de nous assurer du bon déroulement des règles de marché lors de la Commission Paritaire de Pilotage et de Suivi (CPPS) concernant l’accord PSC (Protection Sociale Complémentaire ). Avec le choix d’ALAN, start’up en ligne déficitaire financée par des fonds spéculatifs, le ministre a fait le choix de priver (en privatisant !) les agents de l’accès à une complémentaire santé de qualité, de proximité portant des valeurs de solidarité. ALAN dont nous avons des retours unanimement négatifs sur leurs prestations, voire leur absence, dans les ministères dont il est déjà l’opérateur de PSC.
C’est notre santé qui est livrée aux fonds spéculatifs, et ce choix politique permet à cette licorne de s’ouvrir le « marché » de la PSC des fonctionnaires participant à l’accentuation de la paupérisation des agents de l’État. C’est aussi une nouvelle attaque de l’économie sociale et solidaire ! C’est la République des copains bien nés et ceux-ci sont bien servis !
La CGT Finances publiques vous le dit solennellement : les agents sont très en colère et récusent ALAN. Ce choix ministériel incompréhensible est une trahison pour nos collègues ! La santé des agents ne se monnaie pas au rabais et ne doit pas être livrée aux marchés financiers.

La boucle est bouclée. Que reste-il aux agents, sinon un emploi de plus en plus précaire et soumis à l’arbitraire des LDG (Lignes Directrices de Gestion) où le mal travail, le mal être au travail se sont implantés durablement, comme le confirme le dernier observatoire interne 2025 toujours aussi déplorable ?

Pire, depuis trop longtemps, nous ne cessons d’alerter dans toutes les instances, mais aussi l’année dernière dans un tract « Souffrance au travail » qui explicitait les mécanismes d’organisation du travail toxique à l’œuvre à la DGFiP. Ceux-ci peuvent conduire à l’extrême au dégoût de soi et au suicide.
Nous avons encore alerté le 24 février 2025 dans notre tract « ALLO la DGFiP ? » Nous dénoncions « une augmentation alarmante de la souffrance au travail ! », qui expliquait aux personnels qu’ils ne sont pas seuls dans cette machine à broyer qu’est devenue la DGFiP, qui a mis en place ce que certains qualifient déjà de harcèlement institutionnel, dont la conséquence la plus terrible est les 10 suicides et les 8 tentatives de suicides…
Nous devons aussi ne pas banaliser la dernière disparition inquiétante que vous avez signalée à la police ou d’étranges morts naturelles suite à AVC ou crise cardiaque.

Lors de la FSR du 8 avril 2025, la CGT Finances publiques avait pourtant demandé la mise en place d’un plan d’action immédiat face à une vague de suicides que nous n’avions jamais connue, à l’identique du plan d’action sécurité des agents de 2023 mis en place à la demande des OS suite à l’assassinat de Ludovic Montuelle, qui avait secoué par sa sauvagerie l’ensemble de notre communauté professionnelle.
Aujourd’hui toujours rien en perspective, à part une réunion informelle prévue sur une demi-journée le 9 juillet prochain.

Nous sommes lassés de la théâtralisation du dialogue social institutionnel où, depuis la mise en place des CSA et la suppression des CHSCT, l’administration se limite à une information de surface et reste sourde aux revendications et besoins des personnels.

Aujourd’hui nous sommes aussi présents pour dénoncer la discrimination dont est victime la CGT Finances publiques, qui est la seule organisation syndicale à ne plus être informée des suicides et tentatives de suicide depuis le 8 avril 2025.
Les bureaux RH connaissent nos numéros tant professionnels que personnels lorsqu’ils ont des messages ou des sujets à traiter avec nous. C’est donc sciemment que cette communication n’a pas eu lieu.
Nous avons constaté que dans des départements comme le 62, dans lequel 3 actes suicidaires ont eu lieu sur la période, il a fallu attendre le troisième pour qu’une séance de la FSL soit convoquée à la demande notamment d’un de nos représentants.
Pire, dans le 94 où un suicide avait eu lieu en février, non seulement la FSL ne s’est pas tenue, mais suite à la tentative de suicide du 2 juin au domicile de l’agente, la FSL a été informée le 6 juin et une réunion extraordinaire de la FSL a eu lieu le 23 juin. Les collègues directs ont été priés de ne pas communiquer l’information. Aucune mesure n’a d’ailleurs été engagée en leur faveur avant la FSL du 23 juin qui a décidé d’une réunion collective des collègues directs le 4 juillet, soit quasiment un mois après.

Aussi, la fiche réflexe acte suicidaire à destination des directions que vous nous avez communiquée après les débats de la FSR du 8 avril et le courrier de la directrice générale remis sur table ce même 8 avril sur ce sujet ne reprennent en rien les engagements et les propos tenus lors de cette séance plénière. Nous constatons également que l’action des directions en la matière ne respecte même pas cette fiche réflexe. C’est pourquoi nous demandons sa réécriture immédiate, puisqu’elle ne répond en rien aux situations auxquelles nous sommes confrontés, les acteurs de préventions, notamment ministériels, n’étant même pas associés ou très tardivement.

La CGT Finances publiques attend de la DGFIP une réaction à la mesure des situations et évènements d’une extrême gravité auxquels notre communauté de travail est confrontée.
Hélas, pendant que l’hécatombe continue, la DG et les directeurs locaux continuent d’agir comme s’ils n’étaient pas pénalement responsables de la santé et de la sécurité des agents placés sous leur autorité !

Quelques points pour aborder succinctement les fiches que vous nous présentez aujourd’hui, que nous détaillerons pendant cette instance :

Le PV de la séance du 17 janvier 2025 ne nous convient évidemment pas, vous vous en doutez, mais nous y reviendrons l’heure venue.

La fiche de présentation de l’étude d’impact sur l’IA ne fait que décrire ce qui va se passer maintenant. Notre demande est d’intégrer l’équipe-projet et de participer au COPIL.

Concernant le bilan de recensement des risques professionnels 2024, une modification du DUERP nous est encore présentée avec le nouvel outil Prév’action, sous couvert de simplification. La CGT Finances Publiques dénonce la comparaison impossible avec les années antérieures et le dévoiement du DUERP originel.
Lors de la mise en place des DUERP, la CGT Finances Publiques considérait que cet outil permettait de faire remonter les problèmes de conditions de travail des collègues par service, ce qui obligeait la direction locale à faire un Plan d’Action et de Prévention (PAP).
Mais vous l’avez dénaturé. Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater une coquille vide et le désintérêt des collègues par l’absence de réponse à leurs observations.
Mais, même en changeant les critères, vous ne pouvez pas cacher la part prépondérante des Risques Pyscho-Sociaux (RPS) dans ce DUERP, qui représentent le risque professionnel le plus rencontré à la DGFiP et concernent 35,2 % des recensements pour 31 % des agents exposés.

Nous condamnons sans réserve la baisse du budget, que ce soit pour les FS locales ou pour la FS de Réseau. Près de 20 % de baisse ! La DGFiP perd beaucoup d’emplois, mais quand même pas autant...

Quant à l’Observatoire interne ; certes, les chiffres en ressortant sont moins terribles que ceux des dernières années (enfin, vous utilisez des termes plus positifs…), mais il n’en reste pas moins qu’ils restent dans l’ensemble particulièrement mauvais et inquiétants et qu’il serait plus que temps que vous en préoccupiez, parce qu’à ce rythme là, le taux de satisfaction globale des agents n’atteindra péniblement les 50 % que dans 50 ans… Et encore ne nous satisferions-nous pas d’un taux de 50 %, qui resterait bien en deçà de ce qu’un employeur devrait viser...
Vous pouvez prendre les chiffres dans tous les sens, ils restent toujours en moyenne de 10 à 15 points en dessous de la Fonction Publique d’État, pourtant elle-même mise à mal dans les réponses des fonctionnaires.
Est-ce un bon bilan d’avoir 26 % des collègues inquiets, 33 % désabusés, 30 % fatigués ?? 34 % des collègues ont mis une note entre 8 et 10 sur 10 sur la quantité de stress lié au travail ! 64 % ne sont pas satisfaits de leur rémunération !
Votre méthode, qui consiste à changer de thermomètre pour tenter de cacher la fièvre, est pathétique car de plus en plus visible dans un ministère où les personnels ont horreur des tripatouillages de chiffres. Pour qui nous prenez-vous ?
Nous avons d’ailleurs des remontés de réunions de service où les agents répondants, après avoir été parfois quasi harcelés pour répondre, sont pris à partie par les chefs de service par rapport à leurs réponses (trop négatives) à cet observatoire interne qui soi-disant leur garantissait une totale confidentialité.

Enfin, la CGT Finances publiques souhaite connaître les modalités du plan canicule que vous avez mis en place, son application semblant différente selon les directions, pour des départements pourtant au même niveau de vigilance. Nous revendiquons notamment des horaires aménagés (7-13 heures par exemple), sans récupération du reliquat par rapport à un horaire normal.