L’imposture du RN en matière de retraite sur la natalité

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Pour équilibrer le système des retraites, soutenir la natalité

 

Lors d’un plateau sur BFM TV, Jordan Bardella, président du RN, dévoile son plan pour « sauver » le système de retraites par répartition : soutenir et relancer la natalité en France. « La France n’a jamais été aussi peuplée mais elle n’a jamais fait aussi peu de bébés ». La politique nataliste a toujours été le cheval de bataille du parti d’extrême-droite, obsédé par « l’invasion migratoire », et consistant à encourager les naissances dans les familles « françaises », à grand renfort d’incitations financières à faire plus d’enfants.

« Le choix est entre l’immigration et la natalité, j’assume très clairement faire celui de la natalité, celui de la continuité de la Nation et de la transmission de notre civilisation grâce à notre modèle familial » (Marine Le Pen, élections présidentielles 2022).

Or, le rapport du COR nous apprend que la part des dépenses de retraite dans le PIB sera stable ou en diminution jusqu’en 2070 malgré le vieillissement démographique, et que le rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités va légèrement baisser de 1,7 à 1,5 d’ici à 2040. Le taux de chômage en France (supérieur à 7 %) est aujourd’hui l’un des plus élevés d’Europe (après l’Espagne, la Grèce et l’Italie) ; en outre, de très nombreuses femmes souhaiteraient pouvoir rester en emploi lors de la naissance d’enfant mais sont contraintes de s’en retirer faute de solution pour le faire garder. Augmenter le nombre de personnes actives est possible en commençant par développer des crèches et par s’attaquer en priorité au chômage.

La question de la natalité n’est qu’un faux débat. En revanche, c’est un argument qui leur permet de remettre en cause les droits des femmes à l’emploi et le droit à l’avortement.

Le discours du RN invoquant la natalité pour « sauver les retraites » est trompeur. Il relève de l’archaïsme et s’inscrit dans l’obsession anti-immigration de l’extrêmedroite.

Il est une menace pour les droits des femmes et est incompatible avec l’exigence d’égalité entre les femmes et les hommes.

Au contraire : la réalité démographique est tout autre !

La bonne nouvelle est que ces contraintes démographiques ne posent aucun problème insoluble pour le paiement des pensions, même si le nombre de personnes âgées augmente grâce aux progrès médicaux et sociaux.

Les cohortes nombreuses du baby-boom partent à la retraite depuis 15 ans : les pensions sont payées. La dernière génération du baby-boom, celle de 1973, a 50 ans, et rien ne permet de penser que ses pensions ne seront pas payées.

Nos contemporains vivent plus longtemps que durant les décennies précédentes, mais cette progression de l'espérance de vie diminue, voire s'arrête, en particulier parce que nous nous rapprochons des limites de la longévité : l'immense majorité des Français ne sera pas centenaire et la France ne sera pas submergée par des bataillons de Jeanne Calment. Le nombre de cotisants aux régimes de retraite ne va pas s'écrouler, la France étant un des pays les plus féconds d'Europe : il n'y a pas de dénatalité.

En résumé, les arguments démographiques faisant craindre le non-paiement des retraites à trop de retraités du baby-boom, une durée de vie qui augmente tout le temps, une fécondité en baisse constante, et donc un nombre de cotisants qui s'écroule – ne correspondent pas à la réalité et sont propagés par ignorance, incompétence, voire mauvaise foi.